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Trafic d'influence au profit de LVMH: fin du procès de l'ex-patron du renseignement Bernard Squarcini

L'ex-patron du renseignement intérieur Bernard Squarcini, soupçonné notamment de trafic d'influence au profit du groupe de luxe LVMH et qui comparaissait à Paris avec neuf autres personnes, sera fixé sur son sort le 7 mars 2025.

Au terme de trois semaines de débats, le tribunal correctionnel a mis en délibéré son jugement dans ce dossier aux multiples volets, comparé par M. Squarcini, principal prévenu, à un "inventaire à la Prévert".

Celui qui est surnommé "le Squale" a, dans ses derniers mots à la barre, remercié le tribunal pour avoir "restauré un climat de confiance".

L'ancien chef de la Direction centrale du renseignement intérieur (DCRI, devenue depuis DGSI), aujourd'hui âgé de 68 ans, était jugé depuis le 13 novembre pour onze infractions allant du trafic d'influence passif au détournement de fonds publics, en passant par la compromission du secret de la défense nationale, le faux en écriture publique ou encore la complicité de violation du secret professionnel.

Il est soupçonné d'avoir profité de ses réseaux dans les mondes de la police et du renseignement pour obtenir informations confidentielles et privilèges au bénéfice d'intérêts privés, notamment du PDG de LVMH Bernard Arnault.

Selon l'accusation, il a indûment missionné des agents de la DCRI en 2008 afin de débusquer un homme qui voulait faire chanter Bernard Arnault, mais aussi obtenu des informations couvertes par le secret auprès de policiers, notamment sur l'affaire Cahuzac, sur une plainte d'Hermès contre Vuitton et sur l'assassinat de l'avocat corse Antoine Sollacaro. Ou encore fait appel à ses connaissances pour faciliter des procédures de passeports et visas.

A ses côtés, sur les bancs des prévenus, figuraient le préfet Pierre Lieutaud, l'ancien magistrat de la cour d'appel de Paris Laurent Marcadier ou encore des policiers et des consultants en intelligence économique.

Jeudi, le représentant du ministère public a requis quatre ans d'emprisonnement avec sursis et 300.000 euros d'amende à l'égard de M. Squarcini, un "haut fonctionnaire émérite" coupable selon lui de "faits extrêmement graves".

Contre les neuf autres prévenus, le procureur a réclamé des peines allant de quatre mois à deux ans de prison avec sursis, assorties selon les cas d'amendes allant jusqu'à 100.000 euros.

- "Absence d'impartialité" -

Les avocats de la défense ont plaidé la relaxe de leurs clients.

Me Marie-Alix Canu-Bernard, conseil de M. Squarcini avec Me Patrick Maisonneuve, a dénoncé une "absence singulière d'impartialité" dans la conduite des investigations par les juges d'instruction, ainsi qu'une "absence de contradictoire" et de "loyauté".

Elle s'est employée, tout au long de sa plaidoirie, à démontrer que le dossier s'appuyait sur "une base factuelle fausse", regrettant notamment que de nombreux documents, qui auraient selon elle éclairé la justice, n'aient pas été déclassifiés.

Son confrère a décrit "une situation de maltraitance psychologique" pendant l'information judiciaire et déploré les "relais médiatiques constants" dans cette affaire.

"Il n'a pas démérité tout au long de sa vie au service de notre pays", a affirmé Me Maisonneuve.

Les avocats de plusieurs autres prévenus ont aussi fait valoir les carrières "irréprochables" de leurs clients. "Nous avons tous à coeur de défendre l'intérêt général", a de son côté assuré dans ses derniers mots le préfet Pierre Lieutaud qui, à l'époque des faits qui lui sont reprochés, était numéro 2 du Coordinateur national du renseignement.

Le procès a été marqué par l'audition, en tant que témoin, de Bernard Arnault, cité à comparaître par les avocats de l'ancien journaliste et désormais député François Ruffin, partie civile.

Interrogé sur la rocambolesque opération de surveillance mise en place entre 2013 et 2016 par Bernard Squarcini et plusieurs autres prestataires de LVMH contre M. Ruffin et son journal Fakir, à l'époque du tournage du film "Merci Patron!", le milliardaire a assuré n'avoir été "absolument pas au courant".

Il a accusé M. Ruffin "d'instrumentaliser" le procès, celui-ci n'ayant eu de cesse de déplorer que le groupe de luxe ait pu conclure en 2021, une convention judiciaire d'intérêt public de 10 millions d'euros pour éviter les poursuites.


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